12 novembre 2024

Un retour en présentiel nourri par les apprentissages du virtuel

Je ne pouvais croire qu’un bac se résumerait souvent à rédiger 20 ou 25 essais «en équipe », sur des corpus assez rapprochés.

Le retour en « présentiel » a été soudain, comme si plusieurs (j’en étais) n’y croyaient pas. J’ai moi-même été un peu déstabilisée par ce changement de mode après quelque 18 mois d’enseignement en ligne. Cela dit, je constate maintenant les apprentissages pédagogiques qui ressortent de ce confinement imposé. Ce surtout en ce qui a trait aux différentes avenues en évaluation. De plus, il y a quelques années, j’ai complété un certificat en pédagogie qui m’a sensibilisé à l’importance d’appareiller les évaluations aux objectifs du cours.

Les conseillers pédagogiques

Après une première session en ligne à l’été 2020, pendant laquelle j’ai testé des moyens numériques pour engager les étudiants, j’ai décidé de suivre quelques formations auprès de mes collègues spécialisés en pédagogie numérique. Dans la mesure où ces formations sont gratuites, je ne pouvais résister. Ainsi, je suis entrée dans un nouveau réseau uqamien, celui des technopédagogues. J’ai commencé à suivre mes collègues pédagogues sur LinkedIn, pour continuer à profiter de leur veille sur le sujet et ainsi continuer mes apprentissages.

Sortir des ornières de la série d’évaluations habituelle

En revenant à l’université en 2015, après 15 ans dans le secteur des communications, l’aspect répétitif des évaluations m’a surprise. Dans les séminaires du troisième cycle, dans tous les syllabus l’évaluation était un compte rendu de lecture, une présentation et un essai. S’il y a des apprentissages à en tirer, un peu de variété serait stimulant. Au premier cycle dans les sciences humaines, il y a aussi un modèle pour les évaluations. On propose souvent un court essai ou un résumé de lecture, un essai plus long (en équipe, qui peut être couplé à une présentation orale) et parfois un examen sur table ou un atelier – quand la matière s’y prête. J’avais connu cela en littérature française, en histoire de l’art et même en gestion à HEC. Beaucoup d’étudiants n’ont donc connu que cette formule, qu’ils appliquent ensuite quand ils commencent à enseigner.

Varier les évaluations pour mettre en lumière différentes compétences

Or, s’il est important d’apprendre à rédiger, il y a moyen de varier les types de productions. De plus, cela incite certains étudiants à recycler des essais à peine modifiés d’un cours à l’autre. Dans ce contexte, la mise en forme des résultats de recherche dans des formes créatives que Louis-Claude Paquin (voir cet article à ce propos) proposait dans ses séminaires de troisième cycle ont ouverts de nouvelles avenues pour évaluer d’autres compétences des étudiants.

Examination of the Students of the University of Durham
Source : http://www.dur.ac.uk/resources/library/library_history_early.pdf

Parler de la méthode pour ouvrir de nouvelles voies

En classe, je prends souvent le temps de définir différentes méthodes pour recolleter des données et en dégager des savoirs. Cela fait aussi partie du travail en communication. Cela me vient en élaborant ma thèse, car j’emploie une méthode moins connue (même si elle existe depuis 40 ans), la recherche-création. J’ai créé un compte Twitter alimenté par mes données (Twitter, WordPress et Facebook) remixées par GPT-2. Le doctorat, en plus du travail d’assistante de recherche que j’effectue pour le LabCMO, m’a donné quelques éléments pour aliment une réflexion sur la méthode et l’épistémologie.

Faire des apprentissages : plus que réussir des essais et des examens

Ma réflexion se reflète donc dans les cours de premier cycle que je donne. Cela ouvre de nouvelles avenues en ce qui a trait aux évaluations. Parce que, je ne pouvais croire qu’un bac se résumerait souvent à rédiger 20 ou 25 essais «en équipe ». J’ai donc tâcher de faire autrement : par exemple, concevoir des ateliers sur l’effet des algorithmes ou l’identité numérique. Je propose aussi aux étudiants d’exprimer leurs habitudes de consommation médias dans un rapport visuels, audio ou vidéo.

Je crois sincèrement que si tous les aspects d’une formation ne peuvent être évalués, la créativité peut être stimulée.

Quelques sources de plus

Ellis, C., Adams, T. E., & Bochner, A. P. (2010). Autoethnography : An Overview. Forum: Qualitative Social Research, 12(1). https://doaj.org/article/91321d14510f4864a87f33a5e46d13fd

Gaudet, S., & Robert, D. (2018). L’aventure de la recherche qualitative : Du questionnement à la rédaction scientifique. https://search.ebscohost.com/login.aspx?direct=true&scope=site&db=nlebk&db=nlabk&AN=1885644

Paquin, L.-C., & Noury, C. (2018). Définir la recherche-création ou cartographier ses pratiques? Découvrir magazine ACFAS.

Puozzo, I. (2013). Pédagogie de la créativité : De l’émotion à l’apprentissage. Éducation et socialisation. Les Cahiers du CERFEE, 33. https://doi.org/10.4000/edso.174

2 réflexions sur « Un retour en présentiel nourri par les apprentissages du virtuel »

  1. Vivement que la créativité soit davantage présente sous toutes les formes à l’université. Les cours seront plus intéressants et les étudiants seront que mieux outillés.

    1. Je ne saurais être plus d’accord! Les outils numériques peuvent nous mettre au défi et ainsi décupler la créativité, mais il faut penser l’enseignement autrement.

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