Pour ce second exercice pratique du cours Le tournant performatif de la recherche (offert au doctorat en communication à l’UQAM, par Louis-Claude Paquin) nous devions présenter une recherche qualitative réalisée (résumée ici) par nous, mais dans un format artistique de notre choix et surtout, sans intervention discursive, j’ai opter pour le collage. Comme aborder cet exercice ? Puis ensuite comment l’exécuter pour créer à la fois une œuvre qui soit digne du titre de collage, mais qui arrive aussi à communiquer de façon minimale les idées de la recherche choisie. Voici donc les étapes que j’ai suivi pour arriver à produire un collage et la réflexion qui a suivie.
Le premier réflexe : trouver des textes sur le sujet
Peut-être est-ce le contexte universitaire qui induit ce réflexe, mais plutôt que de plonger immédiatement dans la pratique, j’ai senti le besoin de lire ce que des auteurs du domaine de la recherche avaient écrit à ce sujet. J’ai lu un premier texte de Kathleen Vaughan (2004) et en consultant des sources liées à cet article, je suis arrivée à des exemples de collages présentés sur le Web.
Il m’a alors fallu conclure que je pourrais lire encore longtemps sur le sujet, cet exercice requérait que je laisse un instant la théorie de côté et je plonge dans la matière. J’ai donc abordé le problème d’un autre angle : celui des extraits des entretiens choisis et ce qui en ressortait.
Passer de la recherche qualitative à un concept d’illustration
Après avoir considéré le contenu que je devais illustrer, je me suis mise à imaginer comment je pourrais illustrer les préoccupations des femmes qui avaient répondu à mes questions, dont « quel événement historique ou scientifique vous paraît le plus important pour l’évolution des droits des femmes ? ». Six répondantes sur 10 avaient rédigé une réponse qui portait en tout ou en partie sur la contraception comme premier moyen de reprise de contrôle du corps féminin par la femme. Cela venait s’opposer à la seconde préoccupation en importance des répondantes, soit le besoin de s’accomplir dans une société où les femmes sont encore jugées sur leur apparence et parfois ralentie dans leur carrière à cause de la maternité.
En terme de concept, il m’a donc paru important de mettre en relief dans mon collage cette opposition corps/intellect et les perceptions baisées qu’on accole souvent aux femmes, présumant que leurs hormones leurs jouent constamment des tours, les reléguant presque au statut de sorcière. Je commençais à avoir une synthèse assez bien circonscrite pour l’exprimer avec des images.
La recherche des images et leur assemblage
C’est là que j’ai compris ce que demandait vraiment la pratique du collage. J’ai la chance d’avoir chez moi une collection de vieilles encyclopédies médicales, de magazines féminins et d’autres sources d’images que mon conjoint et moi achetons dans les ventes de garages, Villages des valeurs etc. en vue de les utiliser, lui pour sa pratique du collage, moi comme images à transférer quand je fais de la lithographie sur pierre. J’aurais pu me contenter de faire une recherche Google de tout ce que je voulais comme représentations, d’imprimer les images et de créer très exactement ce que j’envisageais. Mais j’ai préféré m’astreindre aux hasards des images pigées dans les sources mentionnées plus haut.
J’ai donc chercher les éléments que j’avais identifié : un cœur, un cerveau, un corps féminin etc. Je me suis ensuite aperçue qu’assembler le tout, en terme de texture, de couleurs, de type d’illustration demanderait quelques concessions de ma part. J’ai donc laissé place à un peu plus d’improvisation et accepté certains hasards. C’est ainsi que les titres des sections du collage sont arrivés dans l’assemblage.
La limite du temps
En constatant les limites de ce que pouvais exprimer sans tomber la réalisation d’un infographique avec des éléments uniformisés, j’ai dû accepter que dans le temps qui m’était alloué, j’avais consacré un peu trop de temps à me rassurer en lisant des sources externes et à tergiverser sur la forme de l’œuvre. Ainsi, j’ai perdu un temps précieux qui aurait pu servir à ramasser plus d’images intéressantes et à ensuite faire un tri par thème pour bénéficier d’un plus large choix au moment de tout mettre sur le canevas.
Au final, je dois avouer que je suis assez satisfaite de ce premier collage. Si je devais le critiquer, je dirais qu’il manque un peu de matière sur le canevas, un plus grand nombre d’images aurait contribué à la richesse sémantique de ce que je souhaitais transmettre. Cela dit, dans la mesure où le message principal a été perçu par plusieurs collègues lors de la présentation, il me faut constater que le message, même si moins riche que je l’aurais souhaité a réussi à ressortir dans cet assemblage d’images. J’ai l’intention de récidiver et cette fois, je commencerai dès le départ à cumuler des images que je classerai par thèmes ou associations d’idées afin d’enrichir le propos de mon collage.
Référence :
Vaughan, K. (2004). « Pieced together: Collage as an artist’s method for interdisciplinary research. » International Journal of Qualitative Methods, 4(1), Article 3. Tel que prélevé le 28 février 2017 du site : http://www.ualberta.ca/~iiqm/backissues/4_1/pdf/vaughan.pdf