Le cyberféminisme comme acte de piratage ou d’hacktivisme

Après avoir lu plusieurs essais sur le piratage, on peut conclure que le piratage est souvent une pratique par laquelle on prend avantage des failles dans les processus. En regardant une pratique, on peut se demander comment celle-ci utilise à son avantage les différentes couches superposées de pouvoir, qu’il soit question de marxisme, de colonialisme ou de globalisation. En ce sens, le cyberféminisme est venu s’insérer dans les pratiques web existantes en soulignant une faille toujours présente, soit la participation des femmes.

Dans le texte de Tully Barnett, on retrouve l’historique des manifestations web féministes qui ont constituées le cyberféminisme dès la fin des années 80. L’auteur remarque que cet élan semble avoir été interrompu par la baisse de l’optimisme qu’a causé l’éclatement de la bulle technologique au début des années 2000. De là, certaines auteures et activistes se sont questionnées sur ce qui constituait du cyberféminisme. Par exemple, est-ce que le fait de promouvoir une saine estime de soi, de discuter en ligne de façon positive des problématiques liées aux femmes est une manifestation du cyberféminisme? Nous pourrions ajouter en ce sens, est-ce le seul fait de discuter féminisme en ligne constitue du cyberféminisme ou faut-il que des préoccupations liées aux questions technologiques soient incluses?

Certains groupes, comme VNS Matrix, proposent vraiment une réflexion féministe sur des questions comme l’utilisation de la technologie par les femmes, l’expression de la sexualité et la définition d’une identité dans des environnements virtuels. Dans cet esprit, VNS Matrix utilise le Web pour diffuser ses manifestes et ses oeuvres, élargissant ainsi la portée de ses actions. Nous pouvons toutefois nous demander si le fait de produire un discours féministe en ligne, ne cantonne pas ledit discours à un statut marginal, celui d’une sous-communauté face à la majorité des internautes.

Tanczer prend ces questions de front en questionnant l’hacktivisme des femmes et le stéréotype de l’hacktiviste mâle. Cet angle a l’avantage d’amener la question du cyberféminisme ou de l’hacktivisme par des femmes au sein des grandes questions sur Internet et la technologie, plutôt que de cantonner l’action des femmes à un sous-phénomène discuté seulement dans les groupes ayant ces intérêts.

Lectures cours 10

Barnett, T. (2014). Monstrous Agents: Cyberfeminist Media and Activism. Ada: A Journal of Gender, New Media, and Technology, (5)
Jordan, T., & Taylor, P. A. (2004). Hacktivism and Cyberwars: Rebels with a Cause?. New York: Routledge, Chapter 4.
Hacking the Label: Hacktivism, Race, and Gender: An Interview with the Electronic Disturbance Theatre Members Carmin Karasic and Micha Cárdenas by Leonie Tanczer
Salter, A., & Blodgett, B. (2012). Hypermasculinity & Dickwolves: The Contentious Role of Women in the New Gaming Public. Journal of Broadcasting & Electronic Media, 56(3), 401–416. doi:10.1080/08838151.2012.705199
Tanczer, L. M. (2015). Hacktivism and the male-only stereotype. New Media & Society. doi:10.1177/1461444814567983

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.