Le piratage comme outil pour mettre au défi l’État et le régime du “copyright”


Ce qui peut relier cette série de lectures est très certainement la conception du piratage d’abord comme un réseau planétaire de résistance virtuelle, puis comme une résistance en ligne très concrète contre l’État et son régime de droits. Pour résister, certains investissent le modèle commercial, le système politique ou encore créé une monnaie alternative en ligne, le Bitcoins.

Dans le texte TAZ (Temporary Autonomous Zone), le légendaire Hakim Bey met en parallèle l’utopie du réseau d’affaire des pirates du 18e siècle et le réseau de résistance Internet des pirates contemporains. Or, la même technologie qui a permis l’élaboration d’une philosophie que l’on pourrait dire romantique du piratage a aussi rendue possible la mise en orbite de satellites qui permettent d’effectuer un espionnage global des citoyens. Où peuvent alors s’installer les enclaves pirates hors du système étatique? Le cyberespace est de plus en plus balisé, strié diraient les deleuziens, par les instances gouvernementales.

C’est pourquoi dans ce contexte, le texte de Beyer et McKelvey résonne de façon particulière et peut se lire comme une tentative d’insertion dans le monde corporatif par les pirates. Résister à l’État, mais de l’intérieur en répondant à chaque nouvelle balise posée par le pouvoir, par une nouvelle conception du code, un nouvel outil pour effacer les stries de gouvernementalié en redessinant le territoire Internet (l’exemple donnée est celui de Gnutella). Donc pour résister à l’État, il faut hacker l’État. Ce qui signifie utiliser ses stratégies et les détourner. Ainsi, Pirate Bay devient une enclave de résistance au commerce sur Internet et le Parti Pirate une insertion dans le quotidien politique des dirigeants de l’État.

En fait, comme le relateront Beyer et McKelvey, Pirate Bay, le site de Bitorrents le plus fréquenté est considéré par ses créateurs comme une enclave hors des lois de l’État. Les débats que ces derniers ont eu avec la loi ont grandement contribués, même si aucun lien direct n’existe entre les deux entités, à la popularité du Parti Pirate qui a réussi son insertion dans la réalité de l’État en envoyant deux députés au Parlement Européen et en affirmant sa présence sur les scènes politiques de 40 pays. Malgré que les plateformes politiques des partis Pirate de chaque pays puissent diverger, des constantes demeurent, soit la demande de révision des lois du copyright et une position ferme contre l’augmentation de la surveillance numérique et de la collecte d’information.

Deux cas illustrent comment on peut pirater le système existant : soit celui qui s’est formé dans le Dark Web, le site commercial illicite Silk Road dont l’économie se fondait autour du Bitcoins et celui exposé dans Forbes, qui s’est formé au grand jour, sous le nez des banques et qui exploitait des failles de calcul des logiciels de transactions boursières dans le New York Times.

Être le glitch dans le système ou se positionner en marge du système semblent les possibilités à exploiter pour créer une résistance.

Liste des lectures cours 8

  • Grimmelmann, J. (2011). Sealand, HavenCo, and the Rule of Law (SSRN Scholarly Paper No. ID 1760151). Rochester, NY: Social Science Research Network. Retrieved from http://papers.ssrn.com/abstract=1760151
  • Sengupta, S. (2006). A Letter to the Commons. In L. Bansal, P. Keller, & G. Lovink (Eds.), In the Shade of the Commons: Towards a Culture of Open Networks (pp. 19–21). Amsterdam: Waag Society.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.